Alors tant pis, le projet est tombé à l'eau mais j'avais commencé à gribouiller quelques pages, ça demande correction de syntaxe etc. mais je publie.
N° 291782
22h43, je pointe le bout de mon nez, maman s’occupe de moi. Je suis perdu, il fait froid, tout est humide autour de moi, j’ai sommeil et j’ai faim….
Deux jours plus tard, nous sommes cinq nouveaux nés, maman s’occupe de nous du mieux qu’elle peut, mais il fait froid et l’odeur autours de nous est insoutenable.
Enfin le monde se révèle à nous, j’ai 17 jours, je vois et j’entends tout parfaitement. Un peu trop bien sans doute. Nous étions six mais un de nous n’a pas survécu et dort depuis sa naissance à l’écart dans la cage. Personne n’est venu le chercher, maman pleure encore lorsqu’elle le touche et qu’il ne réagit pas. Ici tout est humide, notre maison est composé d’un vieux tapis, maman essaye de tenir l’endroit propre mais c’est très petit, maman ne se lève pas, elle ne peut pas. Nous avons un peu de place pour gambader, et nous voyons plein de copains à travers les grilles. Beaucoup ne jouent pas et restent collés à la douce chaleur de leur mère.
Il ne reste plus qu’un de mes frères et ma sœur avec moi, nous sommes en plein hiver et notre maison donne sur l’extérieur, il ne fait pas bien chaud, mon frère ne s’est pas levé ce matin. J’ai 38 jours, maman a de plus en plus de mal à nous nourrir, elle n’a sa gamelle que tous les deux jours et on essaye de lui en prendre un peu, elle nous laisse faire, elle n’a plus beaucoup de lait. Je n’ai pas présenté maman, elle s’appelle Oups et a 7 ans, elle a déjà eu six portées de cinq/six chiots, c’est un labrador sable.
Aujourd’hui c’est le grand jour, nous avons six semaines et demie, le monsieur à deux pattes est venu nous chercher, mais maman n’a pas pu venir avec nous, il nous a mis dans une nouvelle maison et nous sommes partis. Comme ça. Sans un regard en arrière, nous voilà séparé de tous nos repères.
Deux dodos nous sépare de maman, impossible pour mon frère et ma sœur de se déplacer, ils sont collés dans une petite maison a barreau, je suis seul à coté d’eux. La porte s’ouvre enfin, cela fait deux jours que nous roulons, une dame prend la maison de mon frère et ma sœur, la regarde et s’éloigne avec eux. Je pigne, je piaille, mais rien à faire la dame s’éloigne et la porte se referme de nouveau. Et tout recommence, la route, le froid, la faim.
La porte s’ouvre à nouveau, cette fois c’est moi qu’on regarde, je n’ai plus la force de me lever, j’ouvre un œil et le referme aussitôt, ça demande trop d’effort. Un grand monsieur parle fort, empoigne la poignée de ma petite maison à barreaux et m’emmène avec lui. J’ai aujourd’hui sept semaines, où est ma famille ?
Le monsieur s’appelle Tommy, il me l’a dit en me sortant de la maison, il m’a parlé doucement, j’ai ouvert les yeux, il fait bien chaud là où il m’a emmené, il fait clair, des lumières au dessus de nous me réchauffe agréablement. Je le regarde attentivement, il est grand, à les cheveux de la même couleur que ceux de maman, ça me rassure. Je m’endors contre lui.
Une heure plus tard je me tourne et découvre l’endroit où je suis installé, c’est remplis de paille, ça chatouille, un bol d’eau est posé près de moi et un pouic sous la patte m’amuse deux minutes. J’aboie, je suis seul et je n’aime pas ça ! Tommy apparait derrière la grille et ouvre la porte pour me caresser, je dois rester tranquille pour reprendre des forces et prendre les petites gélules qu’il me tend. J’ai tellement faim que je les prends, presque instantanément je recouvre un peu de force.
Après une dernière caresse il referme la porte et ne reviendra que plusieurs heures plus tard pour me nourrir et éteindre la lumière, dodo m’a-t-il dit en fermant la porte.
La vie passe doucement ici, des étagères partout autours de moi proposent des friandises, des jouets, des croquettes et des tapis moelleux avec des photos de copains dessus.
Aujourd’hui, j’ai huit semaines, un peu plus dégourdi j’explore patiemment ma nouvelle maison, le pouic qu’on m’a donné lorsque je suis arrivé n’est plus en grande forme mais je le mordille volontiers dès que l’ennui se fait sentir. Des deux pattes passent toute la journée devant ma maison, tapotent sur ma fenêtre et me font coucou. Je ne me lève plus, la vitre froide nous sépare et je suis toujours triste lorsqu’ils repartent.
Le lendemain, un monsieur m’a ausculté et a dit à Tommy que j’étais apte mais qu’il fallait continuer les antibiotiques. Alors Tommy a mis une affiche sur la fenêtre de ma maison.
Je pense souvent à maman, je n’en ai pas beaucoup de souvenirs, surtout des sensations désagréables sur l’environnement et son côté très protectrice. Je l’entends encore pleurer et hurler lorsque le monsieur nous a emmenés…
Tommy m’a passé au bain aujourd’hui, je ne suis pas sur d’aimer, on est samedi et il à l’air content, il dit qu’il va y avoir du monde et que j’ai toutes mes chances avec ma belle couleur caramel !
Matthew
Maman n’est jamais d’accord quand je marche dans les flaques d’eau, pourtant j’ai mis mes bottes rouge, Lila, une copine de CM1 en a des vertes en forme de grenouille. Sa maman ne lui dit rien quand elle saute dans les flaques. En plus elle a un chat, Gribouille, qui est « trop » mignon. A la maison il n’y a que bubulle, moi aussi j’aimerai bien avoir un poilu. Papa dit qu’ils travaillent trop pour avoir un animal à la maison. Mais moi je suis là, j’ai neuf ans je saurai m’en occuper comme Lila avec Gribouille. Nous sommes vendredi et c’est le weekend, Camille vient me chercher pour me ramener à la maison en attendant le retour de papa et maman. J’ai décidé de leur faire un dessin d’un petit chien, peut être qu’ainsi ils comprendront à quel point j’en ai envie.
18h, l’heure du bain, je n’aime pas. Camille me laisse tranquille, elle vérifie juste que je me lave bien, moi je joue et après je me sèche tout seul. Maman dit souvent que j’ai grandit trop vite. Notre maison est assez grande, Lila dit souvent que la sienne tiendrait dans le séjour. Ca me fait rire, on a pleins de cachettes lorsqu’on joue.
20h, papa et maman ne sont toujours pas rentrés, j’ai mangé. Camille, elle, me dit qu’il va bientôt falloir monter se brosser les dents et se mettre au lit.
21h, je me couche encore sans bisous de maman. C’est une habitude mais je n’aime pas.
J’ouvre un œil, maman est à côté de moi et me réveille gentiment, j’aime bien lui faire croire que je dors encore, elle me gratte le dos doucement. Je lui montre mon dessin, je l’avais mis sur la table de chevet pour être sur de ne pas oublier. Maman sourit et me dit qu’on en a déjà parler.
Il est 14h, nous partons pour faire des courses. C’est long, il faut toujours tout un tas de trucs, jamais mes céréales, jamais mon paquet de gâteaux préférés ….
A 15h30, maman propose qu’on s’arrête prendre un gouter quelque part, papa à l’air d’accord mais ne lâche pas son téléphone à cause « du boulot » comme il dit. J’ai le droit à une crêpe avec du Nutella. Je suis ravi. Nous allons nous promener ensuite dans la jardinerie, maman veut une nouvelle orchidée.
Il est 16h, nous passons devant le rayon animalier, je tire maman par la manche pour qu’on puisse s’y arrêter. Elle accepte en disant « juste une minute ».
Un adorable petit labrador tout caramel nous regarde au fond de son box, je l’aime déjà ! Après avoir trépigné et juré à mes parents que je le sortirai tous les jours même s’il pleut, maman appelle un vendeur. Tommy s’approche de nous et demande ce que nous voulons savoir, alors je lui dis que je veux le petit chien. Il informe mes parents des modalités de paiement et quel coussin et jouets nous pouvions prendre. Il porte le numéro 291782, je décide de l’appeler Caramel ! Le vendeur parle de formalités et de papiers à remplir. Papa sort passer un appel important, maman se plie donc aux exigences du vendeur et le suit bon gré mal gré, je saute de joie, Caramel dans mes bras.
Il est 18h, nous avons installé Caramel dans un coin de la cuisine, je l’aime déjà ! Il est tout gentil, un peu peureux moi j’aimerai bien jouer avec lui mais maman m’a dit qu’il fallait le laisser se reposer et découvrir la maison tout seul. Je pars donc dans ma chambre lui faire un joli dessin. Papa est reparti au bureau et maman a une amie qui devrait passer.
19h, je descends voir comment va Caramel, une mare toute jaune dans la cuisine m’accueil, maman ne va pas être contente. Après m’avoir montré comment on essuyait et désinfectait la pièce après ce genre d’accident, elle est retournée voir Christine dans le salon. J’ai pris Caramel dans mes bras et on a été joué dans le jardin, il était ravi !
21h, je dois monter me coucher, Caramel est concilié à la cuisine après avoir grignoté un bout du cuir du canapé. Après avoir supplié maman de monter Caramel dans ma chambre, elle a éteins et a laissé ma porte entrouverte avec la lumière du couloir allumée
23h, un cri déchire le silence et me sort du sommeil, d’un bond je me lève et appelle maman. Ce bruit ? C’est Caramel qui n’aime pas dormir seul. Maman accepte que je prenne Caramel avec moi car après une demi-heure, il hurlait toujours. Nous avons très bien dormi, maman ayant été se recouché, j’ai mis Caramel dans mon lit, il s’est blotti dans mon cou et s’est endormi paisiblement.
Dimanche, 9h, une nouvelle mare sur la moquette près de mon lit m’informe que Caramel n’a pas dormi aussi profondément que moi, il a sorti toutes mes peluches du panier et a jouer avec pendant que je dormais.
10h, il a le ventre tout gonflé, maman me dit que c’est parce qu’il a trop mangé. Il ne bouge pas beaucoup.
Toute la journée j’ai surveillé Caramel mais il ne voulait pas jouer, ni sortir avec moi dehors. Je l’ai donc laissé dans la cuisine.
Ce soir je dis à Caramel qu’il devra dormir dans la cuisine dans son panier car maman ne veut pas qu’il fasse pipi de nouveau sur ma moquette.
Lundi 8h, Caramel a fait une nouvelle flaque dans la cuisine, papa a râlé qu’à son âge il ne se retienne pas toute la nuit. Il a encore pleuré cette nuit, c’était dur de l’entendre sans avoir le droit de me lever.
8h10, je dis au revoir à Caramel, à ce soir.
17h, avec Camille on rentre de l’école, je lui ai raconté qu’on avait un petit chien, elle m’a dit qu’il avait du être triste toute la journée seul dans la cuisine. En rentrant je jette mon cartable et me précipite dans la cuisine. Caramel est content de me voir, il bat de la queue depuis son panier mais ne se lève pas. Je le porte dehors pour qu’il puisse faire pipi.
Camille a nettoyé la cuisine, il avait vomi et eu la diarrhée, pas très ragoutant en rentrant de l’école.
Ce soir maman est rentrée tôt et a libéré Camille. Elle m’a aidé à manger et nous avons joué tous les trois avec Caramel. Je l’aime de plus en plus.
Mardi, 7h45, Caramel n’a pas pleuré cette nuit, mais il a encore eu la diarrhée, maman n’était pas contente. Nous partons à l’école plus tôt, elle a un rendez vous et papa est en déplacement, je vais donc à la garderie avec Lila.
17h, Camille est venu me chercher et nous rentrons tous les deux à la maison. Il me tarde d’être rentré pour voir Caramel.
Il ne bouge pas et n’ouvre pas les yeux quand je pénètre dans la cuisine. Inquiet je m’approche et le secoue doucement, il ouvre alors ses yeux et me fait la fête, tout guilleret ! Je le sors, il se couche à mes pieds pendant mes devoirs. Le reste de la soirée passe tranquillement entre jeux, bains et repas.
Mercredi, je vais passer toute la journée avec Caramel et Camille. En me levant je vois que Camille est déjà arrivée, elle me dit de laisser Caramel tranquille, il se repose. Elle semble inquiète. A 14h, après un coup de téléphone à maman, nous emmenons Caramel chez le vétérinaire, il vomit encore et a eu de nouveau la diarrhée…
C’est en fin d’après midi que je rentre bouleversé avec Camille, Caramel n’est plus là, le vétérinaire a dit que c’était sans espoir, il était atteins de la parvovirose, fatal à son âge. J’ai essayé d’appeler deux fois papa et maman mais ils n’ont pas répondu. Camille a dit au vétérinaire qu’elle le contacterait demain pour savoir si mes parents voulaient venir dire un dernier au revoir à Caramel.
Le vétérinaire a pris son temps pour m’expliquer ce qu’était cette maladie et Camille lui avait apporté les papiers de vente qu’on avait eu à la jardinerie, il lui a dit que ce chiot venait surement des pays de l’Est mais qu’il était très dur de le prouver, je n’ai pas compris et lui ai dis que ce n’était pas possible, on l’avait eu à notre jardinerie !
Pendant des semaines j’ai été triste, je n’avais qu’une photo de lui et moi, je l’ai mise sur le frigo et j’ai fait un exposé dans ma classe. Maman m’ayant donné l’autorisation de faire des recherches sur cette maladie, les conditions de vie des chiens venus des pays de l’Est, j’ai expliqué à mes camarades l’importance de réfléchir avant d’acheter, et des bons endroits où achetés des petits poilus.
J’ai neuf ans, Caramel était mon meilleur ami pendant quelques jours, je ne l’oublierai jamais ….